» Las Hermanas Mariposas » : L’effet Papillon

-Par : Rym Chaabani-

« Comme chaque année, le monde sera témoin pendant 16 jours de diverses actions consacrées toutes pour la lutte contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes dans le cadre d’une campagne internationale à partir du 25 novembre jusqu’au 10 décembre. »

Quelle signification pour le 25 novembre ?

Inspirées par leur sœur Minerva, Patricia et Maria Teresa se sont engagées au combat contre le dictateur Rafael Trujillo.

400 jeunes appartenant au mouvement révolutionnaire ont été arrêtés en 1959, y compris Minerva, Patria, Maria Teresa (et leurs époux) et ont été libérées plus tard lorsque le régime a décidé de libérer toutes les femmes détenues.Mais il s’est avéré après, que les Maribals, n’étaient relâchées que pour être assassinées.

Le 25 novembre 1960, alors qu’elles étaient sur le chemin de leur maison  après avoir rendu visite à leurs maris à la prison de Puerto Plata; les agents de main de Trujillo ont arrêté leur voiture sous la menace des armes pour tuer les trois sœurs et leur chauffeur, brutaliser leurs cadavres et les ramener dans la voiture avant de la pousser finalement du haut d’une falaise.

Minerva était active sous le nom « mariposa » (papillon en espagnol) durant les réunions et les rassemblements d’opposition auxquelles elle participait, et c’est de là où vient le nom de code « Las hermanas mariposas» (Les sœurs papillons en espagnol) donné aux trois sœurs Mirabal.

Et effectivement, l’effet papillon joue  jusqu’à nos jours son rôle !

Un combat qui s’est tenu à la République Dominicaine entre 1949 et 1961, représente encore ce que les femmes  peuvent subir une fois engagées dans la vie publique et politique.L’avis d’une femme, sa voix, son engagement et ses choix peuvent encore lui coûter la vie!

Jusqu’à maintenant, plusieurs femmes qui refusent un homme de pouvoir risquent probablement d’affronter toute sorte d’harcèlement; et de vivre ce que Minerva Mirabal et sa famille ont vécu lorsqu’elle a refusé Trujillo.

On est en 2021, et tout le monde se mobilise chaque 25 novembre et depuis plus que quarante ans contre les féminicides, la violence conjugale ou économique ou toute autre sorte de violence contre les femmes.

Brutalement tuées à l’âge de 25, 34 et 36 ans, la mort tragique des trois sœurs Mirabal n’aura pas été vaine à court et à long termes.

L’assassinat des militantes martyrisées a amplifié la colère populaire, ce qui a renforcé par la suite l’opposition à Trujillo et a déclenché une révolution contre son régime.

Environ six mois après, le dictateur a été assassiné.

Ensuite, l’ONU a déclaré en 1999 cette date une journée internationale pour l’élimination de la violence basée sur le genre à l’égard des femmes.

«Selon l’article (2) de la déclaration des nations unies (1993) sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes:  » la violence à l’égard des femmes s’entend comme englobant, sans y être limitée, les formes de violence énumérées ci‑après :

a) La violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la famille, y compris les coups, les sévices sexuels infligés aux enfants de sexe féminin au foyer, les violences liées à la dot, le viol conjugal, les mutilations génitales et autres pratiques traditionnelles préjudiciables à la femme, la violence non conjugale, et la violence liée à l’exploitation;

b) La violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la collectivité, y compris le viol, les sévices sexuels, le harcèlement sexuel et l’intimidation au travail, dans les établissements d’enseignement et ailleurs, le proxénétisme et la prostitution forcée;

c) La violence physique, sexuelle et psychologique perpétrée ou tolérée par l’État, où qu’elle s’exerce. »»

Et depuis 2008, le Secrétaire Général des Nations Unies et l’Entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) ont mené une campagne mondiale qui débute à la même date visant à éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles partout  dans le monde  et travaillant sur la sensibilisation, la création des cadres  de débats sur ce phénomène, l’analyse des défis et la désignation des solutions efficaces pour mettre fin à ce « monstre mondial ».

(Cette campagne dure 16 jours et se termine le 10 décembre -La Journée Internationale des Droits de l’Homme-)

À l’hommage des  » Mariposas  » :

« Je suis restée en vie pour raconter leurs histoires»

Bélgica Adela Mirabal Reyes (1925-2014)

Bélgica Adela Mirabal appelée Dedé (la quatrième sœur Mirabal survivante), a commémoré le parcours révolutionnaire de ses sœurs en 2009 à travers ses mémoires : «Vivas en Su Jardín» («Vivant dans leur jardin»), et elle a aussi conservé leurs traces et souvenirs dans un musée portant le nom « la Casa Museo Hermanas Mirabal » situé dans leur ville natale :

 Ojo de Agua, Salcedo.

D’autre part, le réalisateur Mariano Barroso a transformé la biographie de Julia Alvarez :  » The Time of Butterflies  » en  2001 en un film.

(Minou Taraváz Mirabal, fille de Minerva Mirabal)

Mais peut-être l’hommage le plus symbolique reste lié à l’arrivée de la fille de Minerva Minou Tavárez Mirabal à devenir représentante du peuple au Congrès durant trois mandats entre les années 1996 et 2000, et vice-ministre des Affaires étrangères.

Oranger le monde : mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes !

En 2021 et comme chaque année, des gouvernements accompagnés des organisations et divers organismes à travers le monde travaillerons jusqu’au 10 décembre sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.

Par cette occasion, la couleur orange et le hashtag #Orangez_le_monde vont couvrir les affiches de plusieurs actions ainsi qu’une partie importante des activités virtuelles sur les réseaux sociaux.

« Selon un nouveau rapport d’ONU Femme basé sur des données provenant de 13 pays depuis l’apparition de la pandémie Covide 19 :  » deux femmes sur trois ont déclaré qu’elles, ou une femme qu’elles connaissaient, avaient subi une forme de violence et qu’elles étaient plus susceptibles de faire face à l’insécurité alimentaire. Seulement une femme sur dix a indiqué que les survivantes s’adresseraient à la police pour obtenir de l’aide. » »           

Une crise mondiale qui ne cesse de s’accroître :

France

Selon le Collectif Féminicides par conjoints ou ex-conjoints (FCPE), 

100 femmes sont décédées sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints en 2021.

La moyenne d’âge  de 45 victimes varie entre 30 et 49 ans.

En outre, 18/100 femmes victimes de leur conjoint ou ex-conjoint avaient plus de 70 ans.

« Selon Heba Morayef, directrice des recherches sur l’Afrique du Nord à Amnesty International: la vie de nombreuses femmes et jeunes filles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est gangrénée par la réalité quotidienne de la violence, à la maison ou dans la rue. Les violences fondées sur le genre sont déjà un sujet d’inquiétude très prégnant en termes de droits humains dans la région, et la flambée des violences domestiques durant les confinements liés au COVID-19 a des conséquences catastrophiques.»

Égypte

Selon une étude publiée en 2013 par l’ONU, 99% des femmes ont été victimes de harcèlement en Egypte.

«D’après l’Amnesty les crimes « d’honneur »  sont encore relevés en Irak, en Iran, en Jordanie, au Koweït et à Palestine»

Tunisie

Selon une enquête menée par le ministère de la Femme,de la famille et des personnes âgées; au moins 47 % des femmes ont été victimes de violence domestique au cours de leur vie.

« le numéro vert 1899 recevait entre 2017 et 2019, 3500 signalements de violence contre la femme par an.»

«A l’instar des 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes et des filles, plusieurs associations et organisations Tunisiennes ont établi différents programmes d’activités.»

L’Association Tunisienne des Femmes Démocrates a lancé une campagne contre les féminicides et l’impunité sur les réseaux sociaux où les noms des victimes seront publiés chaque jour afin de sensibiliser l’opinion publique et la rappeler de ces crimes.

De sa part, le Centre de Recherches, d’Etudes, de documentation et d’Informations sur la femme ( Crédif ) s’est engagé pour organiser une série de quatre actions y compris :

-Une conférence de présentation des résultats de sa compagne «Cela s’appelle discrimination»

-Organisation de trois projections du court métrage «Bisiklet», et ce le 1er décembre à la faculté des sciences juridiques de Tunis, le 03 à «Vélorution» et au centre culturel et sportif-Menzah 6 et le 09 à l’espace culturel  » Dar Jeelen « , Nabeul.

Quant à l’association Calam, un évènement d’ouverture à eu lieu jeudi dernier où la projection du film « El Jeyda » au cinéma Le parnasse a été accompagnée d’un débat animé par les journalistes « Khouloud Mabrouk » et « Chaker Besbes« .

Pendant la cinquième journée, Calam a publié sur sa page Facebook des témoignages envoyés par des femmes victimes de violence économique.

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