- Slim Kacem –
Le militant en faveur des droits de personnes atteintes par le V.I.H, Slim « Cowboy », nous a quittés ce lundi 29 Aôut 2022 après un long combat contre le virus qu’il a contracté accidentellement lors de son séjour en France en 1985.
De son vrai nom Slim Ben Hadj Amor, il n’est autre que le fils du Commandant de la Garde Nationale, Fraj Ben Hadj Amor, connu sous le nom de Fraj Cowboy.
Les aptitudes du Commandant Fraj Ben hadj Amor au maniement des armes, et particulièrement ses dons de tireur hors pairs, lui ont valu ce surnom, à cet ancien Fellag, héros de la guerre de libération, contre l’occupation Française, surnom, qui lui a été donné aux USA, par ses instructeurs de l’Armée US, lors de stages effectués par certains cadres de l’armée et de la garde Nationale, dans les années 1960.
2 fois Condamné à mort, Fraj Ben hadj Amor a réussi à s’échapper de la prison militaire de la Kasba, et rejoindre le maquis quelques jours avant son exécution.
En 1956, Le Commandant Ben Hadj Amor intégra la garde nationale, à sa création par Taieb Mhiri à l’aube de l’indépendance, où il fut affecté à la garde rapproché de feu le président Bourguiba.
Le président Bourguiba, confiait des taches délicates au Commandant Ben Hadj Amor telles que la jonction secrète avec le maquis Algérien, missions dangereuses dont il s’acquitta avec sérieux et abnégation, pour l’amour de la patrie. Le 8 février 1958, il survécu au dramatique bombardement Français de Sakiet Sidi Youssef, lorsque le sang Tunisien se mélangea au sang Algérien. Cette opération militaire menée par l’armée française causa la mort de 70 personnes, dont une douzaine d’élèves d’une école primaire et faisant 148 blessés.
La famille du Commandant Ben Hadj Amor hérita du surnom « Cowboy », en 2011, à son décès, perpétuant ainsi sa mémoire.
Son fils Slim Ben Hadj Amor, accidentellement séropositif, marié et père d’un enfant, n’a pas cessé depuis 1995, d’attirer l’attention des autorités et des médias, de se battre, en compagnie du vétéran des citoyens Tunisiens atteints du virus V.I.H, Fadhel Ben Mehrez, connu sous le nom de « Jimmy », pour améliorer les conditions de vie des malades et de mettre en exergue leur droits à vivre une vie digne.
Le duo, lanceurs d’alertes, a toujours déploré l’absence de structures médicales adéquates, les mauvaises conditions d’hospitalisation, le manque de lits, surtout en période de Covid, les traitements inhumains infligés par les autorités de tutelle, envers ces citoyens stigmatisés, que Jimmy nomme « les oubliés de la société »
ROOTS TV avait fait un reportage sur Slim et Jimmy en 2021, publié sur le site de l’ONG Minority Rights Group International.
Slim « Cowboy » et Jimmy, ont toujours soutenu matériellement et psychiquement les nouveaux patients atteints du virus, leur procurant des médicaments, des aides financières et même juridiques, comme en chargeant l’avocate Me Lamia Tellili qui a réussi à obtenir, quoique post-mortem, des réparations auprès de la justice tunisienne pour le cas de Mohamed M. victime du sang contaminé, importé de France, dans les années 1980.
Outre sa générosité légendaire, Slim Ben Hadj Amor, vouait un amour fou à la nature et aux animaux, à qui il donnait le gite, protégeait et soignait, en opérant parfois, chirurgicalement, ceux dont la patte était cassée, nourrissant à la seringue, des centaines d’oiseaux tombés du nid, élevant des chiens Pincher, sans compter son soutien indéfectible aux chats abandonnés. Depuis son départ, sa chienne favorite Titta, n’arrête pas de pleurer.
En 2022, la santé de Slim Ben Hadj Amor, s’est détériorée après que les médecins aient diagnostiqué une insuffisance rénale, nécessitant des séances de dialyse 3 fois par semaine. Cette action, prise entièrement en charge par la CNAM, qui stipule que le patient, qui habite au Kram, devait se rendre au centre de Dialyse le plus proche de son domicile, s’est vue être refusée par les établissements les plus proches, les hôpitaux de la Marsa et de Khereddine qui ont refusés de le laisser profiter de leur structures, sous prétexte tantôt de manque d’appareils, réquisitionnés pour les services Covid, ou défaillants. « Ce qui a obligé Slim Ben Hadj Amor de faire 3 fois par semaine, des Allers/Retours éreintants, au service de dialyse de la Rabta, de chaque fois 1h et 15min, un jour sur deux. » comme nous a déclaré son épouse Mme Thouraya Ben Hadj Amor.
Malgré les fréquentes et insoutenables crises de douleurs, le service des maladies infectieuses de la Rabta, dont le service dirigé par le Professeur Kilani, n’a autorisé l’hospitalisation de Slim Ben Hadj Amor, en Avril 2022 que sous la pression des médias, dont ROOTS TV alertés par Jimmy.
https://www.facebook.com/ROOTSTV.TN/videos/2451384651658418
Slim Ben Hadj Amor, s’est éteint ce lundi, mais son combat vers la dignité continue.
Bon vent le Cowboy