l’Inde a réussi. La jeune nation spatiale a réussi ce que seuls les Etats-Unis, l’ex-Union soviétique et la Chine avaient réussi jusqu’à présent : se poser avec succès sur la Lune.
Le module d’atterrissage non habité de la sonde spatiale Chandrayaan-3 s’est posé en toute sécurité sur le pôle sud du satellite de la Terre à 13h33, heure tunisienne.
Dès que l’engin spatial de 1,7 tonne a atterri, des cris de joie ont éclaté parmi les scientifiques et les nombreux observateurs du centre de contrôle de l’agence spatiale indienne ISRO dans la ville de Bengaluru, au sud de l’Inde, qui ont suivi l’atterrissage en direct sur un grand écran.
Une caméra intégrée a fourni pendant ce temps des images de la surface vers la Terre. « L’Inde est maintenant sur la lune », s’est exclamé avec enthousiasme le président indien Narendra Modi, qui était connecté depuis l’Afrique du Sud depuis la réunion des pays BRICS. Brandissant un petit drapeau indien, il a voulu s’adresser à tous les habitants de la planète en raison de cette heureuse occasion.
« Le succès de la mission lunaire appartient à toute l’humanité »,
Narendra Modi, président de l’inde
Pour l’Inde, la mission lunaire Chandrayaan-3 est un projet prestigieux, d’autant plus que l’atterrisseur s’est posé dans une région lunaire peu étudiée jusqu’à présent. Le terrain doit être exploré pendant quatorze jours, notamment par un petit rover embarqué.
La recherche d’eau gelée figure entre autres à l’ordre du jour. Près des pôles de la Lune, le Soleil ne monte pas très haut au-dessus de l’horizon, les sols profonds des cratères ne sont donc jamais éclairés, ce qui pourrait expliquer que de la glace d’eau s’y soit maintenue. Mais la mission doit surtout démontrer qu’il est particulièrement difficile pour une sonde spatiale d’atterrir en douceur dans cette région lunaire et ouvrir ainsi la voie à d’autres projets lunaires.
A l’origine, l’Inde voulait déjà se poser sur la Lune il y a quatre ans, mais le contact avec le module d’atterrissage de la sonde spatiale Chandrayaan-2 a été rompu à une altitude de 2,1 kilomètres lors de la dernière phase de l’approche. Celui-ci s’est alors écrasé de manière incontrôlée sur la surface lunaire. Pour éviter qu’une telle panne ne se reproduise, le logiciel et le matériel de nombreux composants de Chandrayaan-3 ont été améliorés.
Une manœuvre d’atterrissage compliquée sans parachute
L’atterrissage sur la Lune est considéré comme une manœuvre difficile. Comme il n’y a pas d’atmosphère sur le satellite, il n’est pas possible d’utiliser des parachutes d’atterrissage comme sur Mars par exemple. L’atterrissage de Chandrayaan-3 a donc été précédé d’une manœuvre compliquée qui a consisté à réduire successivement la vitesse et l’altitude de vol à l’aide de propulseurs de commande selon un programme de déroulement déterminé.
La Russie a fait l’expérience le week-end dernier avec sa mission Luna-25 qu’un alunissage n’est pas une chose simple. Lors de la phase d’atterrissage, les moteurs de freinage avaient apparemment donné une poussée trop longue. La sonde, trop fortement freinée, s’est écrasée sur la Lune à une vitesse d’environ 5000 kilomètres par heure. Il y a quatre ans, une sonde spatiale israélienne avait connu le même sort.
Lancé le 14 juillet, le véhicule lunaire, composé d’un module de propulsion et d’un module d’atterrissage, s’est placé en orbite lunaire elliptique après un vol de quatre semaines. Le 20 août, l’atterrisseur et le module de propulsion se sont séparés. Ce dernier s’est alors approché de la surface lunaire sur sa propre orbite, à moins de 30 kilomètres. L’approche proprement dite a commencé vers 14h00, heure allemande. L’atterrisseur a suivi une trajectoire parabolique et s’est dirigé vers sa cible en suivant une orientation horizontale. La vitesse, initialement de 1600 mètres par seconde, a été progressivement réduite à 300 mètres par seconde. A une altitude d’environ un kilomètre, l’appareil s’est redressé et a amorcé son atterrissage définitif. La station de relais entre l’atterrisseur et la station terrestre est la sonde spatiale Chandrayaan-2 qui, malgré la chute de son atterrisseur, est toujours en orbite lunaire.