– Pour éviter la colère du public des titres, ennemi des contenus et fan de toute information sponsorisée et propagée de bouche à oreille, cet article est sans titre –

Lorsqu’on parle de l’ancienne classe politique dirigeante depuis 2011,on ne peut pas dire qu’elle nous a laissé seulement les résultats de la mauvaise gestion de la crise sanitaire ainsi que de la crise économique et l’instabilité sociale, mais elle nous a également laissé toute  une culture de diffamation contre l’opinion différente et un terrain favorable pour les machines des guerres virtuelles consacrées pour les règlements des comptes, l’incitation et la diffusion des rumeurs pour qu’ils  finissent  par avoir une crédibilité et deviennent  confirmées.

L’historique de la normalisation avec la violence de toutes les couleurs et tous les degrés :

Violence politiquement adoptée, couverte et financée.

« On va demander aux imams de dire à tout le monde dans les mosquées que celui qui élit un parti autre qu’Ennahda, même s’il s’agit d’un autre parti islamique, ira en enfer.»

-Raja Hadj Mansour-Vidéo publiée sur les réseaux sociaux / 2012.

« Je vous le dis, si vous pensez à désapprouver la légitimité électorale, ces masses (il veut dire les masses d’Ennahdha présentes dans la manifestation) vous piétineront, ceux qui s’opposeront à la volonté du peuple égyptien ou le peuple tunisien seront lynchés dans les rues de la Tunisie…» 

 – Sahbi Atigue -Avenue Habib Bourguiba-Tunis / 2013.

« On va lancer une bande d’annonce tout en travaillant sur une campagne de diffamation. Notre groupe et nos journalistes d’investigation vont dire que ce sont des traîtres de leur pays, des agents qui reçoivent de l’argent pour vendre leur pays. On va mentionner leurs noms et afficher leurs photos»

Une partie d’un enregistrement vocal divulgué dévoilant ce que Nabil Karoui a discuté pendant une réunion avec son équipe pour régler ses comptes avec l’organisation I Watch et ses membres / 2017.

« Ce qu’ils considèrent comme liberté, nous le considérons comme une libération

Ce qu’ils appellent liberté des femmes, nous l’appelons la liberté d’accès aux femmes

Ce qu’ils appellent les mères célibataires, pour nous c’est des prostituées ou des « violées ».»

(Eux : laïques, progressistes, Bourguibistes, féministes…)

Mohamed Affas, Député de la Coalition d’El Karama – Assemblée des Représentants du Peuple / Tunis / 2021.

Ainsi que les termes chargés de stigmatisation et d’accusations de trahison, qui sont devenus très fréquents et utilisés à tort et à travers dans le discours courant : 

Les médias de la honte 

Union des ravages (l’UGTT) 

La gauche incrédule

Les indics (Les différents opposants des islamistes et leurs alliés)

Ce sont quelques exemples, montrant comment la culture de la violence et de l’harcèlement a été fondée et comment la banalisation de l’usage des discours d’expiation et de division s’est accumulée petit à petit sur de nombreuses bases.

Le moment où ces porteurs de différents discours de haine se sont réunis pour devenir des alliés, la situation au niveau de la scène publique est devenue plus dangereuse.

Hystérie populaire générale :

Auparavant, ça représentait une arme pour protéger les intérêts, attaquer et destituer toute opinion dissidente surtout durant les élections, les crises et les conflits politiques.

Mais aujourd’hui, ça se transforme d’une part en un moyen de défense et pression afin de reprendre le pouvoir et imposer de nouvelles équations politiques, par lequel on a tout fait pour diaboliser le président de la république.

D’autre part, de nouvelles « armées virtuelles » (internautes et pages Facebook) utilisant les mêmes manières et presque le même jargon, ont pris en charge l’attaque contre tout avis opposant ou vigilant par rapport aux décisions du 25 juillet. 

Des pages et des personnes qui se prétendent être les représentants du président et jouent le rôle de son porte-paroles, exercent un lynchage électronique au plein sens du mot contre plusieurs individus, activistes et défendeurs des droits de l’homme, comme le Vice-Président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme Me Bassem Trifi.

Quelques exemples du lynchage médiatique, à l’encontre de Me Bassem Trifi

Ce qui donne l’impression que tout est devenu permis et que ça devient de plus en plus effrayant et incontrôlable.

Entre-temps, il y a toujours des catégories qui paient le prix de leurs convictions très cher.

Les journalistes : Pris pour cible en raison des interactions en faveur de leur profession.

Il suffit juste de suivre sur Facebook la page du Syndicat National des Journalistes Tunisiens, les comptes des deux journalistes Haythem ElMekki et Mohamed Yousfi pour comprendre à travers les commentaires concernant chaque contenu publié, à quel point la vague d’harcèlement est à la fois orchestrée et grave.

Haythem ElMekki, insulté durant toutes ces années par des milices électroniques, n’a pas changé généralement sa manière et sa stratégie éditoriale depuis 2011, mais ce qui change à chaque fois est l’apparition d’une nouvelle dictature des nouveaux sympathisants.

Haythem El Mekki, le « croqueur » à la langue bien pendue, qui allie intelligence et éloquence

S’agissant de Mohamed Yousfi qui n’a pas hésité de critiquer en tant que journaliste la politique de communication présidentielle, la déclaration de ses avis concernant plusieurs décisions l’a rendu exposé aux menaces.

Et selon un communiqué publié récemment sur la page du syndicat, il ne s’agit pas seulement de ces noms, ou de ce qui est publique comme commentaires et contenus violents, mais d’autres journalistes professionnels ( y compris Ilyes Gharbi et Naziha Rejiba) et leurs familles aussi sont sérieusement menacées.

Mais pourquoi Le Syndicat des Journalistes Tunisiens SNJT ? 

Il ne s’agit pas seulement de mettre tous les journalistes dans le même panier, mais il s’agit aussi des tentatives de promouvoir l’idée que le syndicat aussi fait partie de la crise, tout en exploitant la colère contre la domination politique de certains médias.

Mais en réalité, le syndicat a toujours dénoncé ce phénomène. Et comme le président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens Mohamed Yassine Jelassi l’a souligné durant l’un de ses derniers passages radio, le syndicat n’est pas un ministère ni une autorité de contrôle et il n’en est pas question de s’immiscer dans les rédactions, par contre les mentions des avertissements et les rappels sont toujours assurés.

Il est à noter que le président du syndicat aussi est touché par ces compagnes d’attaque et de provocation.

Dans ce contexte tendu, toute activité journalistique ou position syndicale risque d’être automatiquement interprétée comme tentatives d’obstruction envers les décisions du président .Alors qu’il suffit juste de vérifier l’historique des positions ( communes et individuelles) de préoccupation ou de critique déclarées par le syndicat pendant les années d’épreuve que le pays vient de traverser, pour réfuter ces allégations.

Rym Chaabani

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