Par Sami Mhenni – Ingénieur et militant anti Pollution – Président de l’association HOUTIYAT https://www.facebook.com/profile.php?id=61568390594159
La ville est coincée entre deux poisons : les rejets de l’ONAS dans la mer et la pollution chronique imposée par Plastiss, l’unique usine locale. Les Sayadien·ne·s n’en peuvent plus. Ils suffoquent.

Tout le monde connaît la catastrophe des eaux usées déversées dans la mer. Mais on oublie — ou on feint d’ignorer — que depuis 55 ans, Plastiss déverse une autre forme de poison, silencieux, continu, ancré au cœur même de la ville.
Une bakhara installée en plein centre, sans jamais bouger d’un millimètre.
Plastiss, née en 1969 d’un partenariat tuniso-italien, fabrique du cuir synthétique et des tissus enduits de PVC pour l’automobile, l’habillement, la maroquinerie… Sur son site, elle se pare d’un vernis “écologique” : fibres naturelles, photovoltaïque… Du greenwashing pur et simple, imposé par le marché et les coûts de l’énergie. Rien qui n’efface son empreinte toxique sur les habitants et l’environnement.
Aujourd’hui, la colère monte. Le silence imposé pendant des décennies craque de partout. Car les dangers d’une usine pareille, collée aux maisons, sont connus :
- Air suffocant chargé de COV, phtalates, particules fines, dioxines.
➝ Crises respiratoires, irritations, cancers, perturbations hormonales. - Eaux polluées par des rejets mal traités.
➝ Intoxications, risques gastro-intestinaux, contamination des nappes. - Odeurs, bruit, dépréciation des logements, sols contaminés, bétail touché…
- Enfants et personnes vulnérables particulièrement exposés.
Et lorsque Plastiss brûle ses déchets — ce que tout le monde sait, personne ne contrôle — c’est encore pire :
dioxines, furanes, métaux lourds, HCl, CO, SO₂, NOx… un cocktail qui s’infiltre dans l’air, les corps et la chaîne alimentaire.
55 ans. Une demi-siècle d’empoisonnement.
Et un silence assourdissant des autorités locales, régionales, de l’ANPE. Silence complice.
Pourtant, la solution est évidente :
délocalisation immédiate vers une zone industrielle,
interdiction stricte de brûler les déchets,
contrôle permanent des émissions.

Sayada n’a plus le luxe d’attendre.
L’urgence, aujourd’hui, c’est le “Dégage”.




