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Chum-Chum : Bagdad, entre Gilgamesh et la survie

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Cinéma & Conscience | سينما وضمير – ROOTS TV

Avec « Cinéma & Conscience », ROOTS TV poursuit sa lecture d’un cinéma qui interroge l’humain au cœur du chaos, là où l’enfance devient un acte de résistance.


Le film nous plonge dans un Irak gangréné par les milices, la pègre et la violence quotidienne, un pays meurtri où les enfants orphelins n’ont d’autre choix que d’apprendre à survivre trop tôt. Dans les rues de Bagdad, la guerre n’est jamais vraiment finie : elle a simplement changé de visage.

Au centre du récit, Chum-Chum, 9 ans. Un enfant diabétique, fragile, rêveur, qui refuse pourtant de renoncer à l’imaginaire. Orphelin, livré à lui-même dans une ville brutale, il s’accroche à une croyance : le Tigre cacherait une porte vers Irkalla, le monde souterrain de la mythologie mésopotamienne, où il pourrait ramener à la vie ses parents disparus. Une idée née de l’épopée de Gilgamesh, comme si le mythe devenait le dernier refuge face à une réalité insupportable.

Mais Bagdad ne laisse pas longtemps les enfants rêver. Lorsque Moody, son ami, se retrouve mêlé à un complot impliquant une milice, Chum-Chum est brutalement ramené au réel. Le film bascule alors dans un dilemme cruel : choisir entre le mythe et la vérité, entre la foi salvatrice et la lucidité qui détruit.

Ce qui frappe, c’est la manière dont le film fait de l’enfance un champ de bataille invisible. Ici, les enfants ne sont pas seulement des victimes collatérales : ils sont les premiers à payer le prix d’un État affaibli, d’une société fragmentée, d’une violence devenue structurelle. Le diabète de Chum-Chum n’est pas anecdotique : il symbolise un corps déjà épuisé par un monde trop lourd à porter.

Pourtant, le film refuse le désespoir total. À travers le regard de Chum-Chum, Bagdad apparaît aussi comme une ville qui refuse de mourir. Sous les ruines, sous la peur, subsistent la croyance, l’amitié, et cette quête obstinée de lumière. Le mythe n’est pas une fuite : il est une manière de tenir debout quand tout s’effondre.

Ce film est avant tout un récit de deuil et de foi, une méditation poignante sur la manière dont les enfants réinventent le monde pour survivre à l’irréparable. Il nous rappelle que, dans les contextes les plus violents, l’imaginaire devient parfois la seule forme de résistance possible.

Avec ce deuxième article, Cinéma & Conscience poursuit son engagement : donner la parole à des films qui parlent des marges, des silences et des enfances sacrifiées, tout en interrogeant notre responsabilité collective face à des villes, des peuples et des générations qu’on laisse trop souvent sombrer dans l’oubli.

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