A chacun sa feuille de route – par Rym Chaabani

Les jeunes, tout comme l’élément féminin, ne représentent qu’un «décor forcé» et un « élément de camouflage» dans la scène et le processus politique en Tunisie.

Ils restent toujours exclus des cercles de rencontres et de propositions de négociation et des dialogues nationaux.

Chaque fois que le pays traverse une crise ou un moment délicat et de divergence, les réunions ont lieu entre tous et les opinions sont échangées entre tous, sauf les jeunes, ce qui explique en fait pourquoi ils n’ont pas quitté la rue depuis qu’ils sont sortis aux côtés de divers autres groupes pour affronter Ben Ali et son régime.

Les causes sont nombreuses, les noms et les visages ont peut être changé, certains se sont retirés, d’autres nous ont quittés, de nouvelles générations leurs sont venus en aide, mais la rue était le seul endroit qui exprimait et exprime encore ces rêves hérités et ces exigences qui, bien qu’éteintes de temps en temps, reviennent à chaque fois à la scène, défiant l’oubli et les tentatives de marginalisation.

Heureusement qu’au milieu de tout cela, une partie des organisations de la société civile telles que la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens, l’Organisation des Jeunes médecins, l’Association Tunisienne des Jeunes Avocats ; a non seulement ouvert la voie à l’émergence d’un jeune leadership qualifié, mais a également ouvert ses portes aux manifestants et aux activistes dans diverses stations et leur a apporté soutien et solidarité.

Aujourd’hui, et dans ce contexte d’optimisme concernant la possibilité du changement et du repositionnement, Qu’est ce qui a changé?

Depuis l’annonce des décisions du Président de la République le 25 juillet, la scène a été divisée en plusieurs parties :

-Une première partie optimiste, appuyant tout ce qui a été réalisé jusqu’à maintenant.

-Une deuxième partie réticente sous des titres techniques, politiques, constitutionnels ect …malgré le mécontentement de la majorité soutenant le président.

 -Une troisième partie qui a choisi d’interagir prudemment et de surveiller dans un engagement explicite à respecter la volonté du peuple tunisien et aussi à porter la responsabilité de la situation actuelle du pays à la classe politique dirigeante depuis la révolution jusqu’à nos jours.

Cependant, entre l’ambiguïté d’un côté et le déni de l’autre, et au milieu de la guerre des rumeurs et des discussions fréquentes sur la feuille de route perdue et la multiplicité des perceptions de celle-ci, un groupe de mouvements de jeunes s’est réuni pour annoncer une série d’actions militantes contre la corruption qui a également trouvé une place dans les différentes institutions de l’état y compris l’institution judiciaire.

devant le palais de justice pour protester contre le 2 poids 2 mesures

Des représentants(es) des mouvements : 

Falgatna, On a Légalisé pour Vous, Stop Pollution, Gloub Faydha, Front de Libération du Cannabis, Mouvement des Jeunes à l’Ariana ; ont pris l’initiative pour organiser, dessiner le chemin et les slogans de ces actions et commencer à les réaliser.

Le groupe a choisi de lancer sa première manifestation la semaine dernière devant le siège du ministère de la Justice en Tunisie.

La protestation portait sur le maintien d’un juge en état de libération malgré son arrestation avec une somme d’un milliard et demi, et malgré le flagrant délit et l’accusation de son activité au sein d’un réseau de contrebande.

Quant à la deuxième manifestation, elle a eu lieu dans l’espace commercial Monoprix à Lafayette de Tunis.

Le choix de l’endroit avait une signification vu qu’il fait partie des propriétés de Marouen Mabrouk.

à l’intérieur du Monoprix

Il est à noter que M.Mabrouk, gendre de l’ancien président Ben Ali, est l’un des hommes d’affaires impliqués dans des dossiers de blanchiment d’argent, évasion fiscale, financement de projets fictifs et du non-recouvrement des prêts…

Ainsi, le message des manifestants était clair : Lever l’immunité et les privilèges offertes aux détourneurs de fonds publics, ouvrir leurs dossiers devant la justice et mettre fin à l’impunité.

Entre temps, la prochaine manifestation est prévue pour mercredi prochain devant le Théâtre Municipal au centre-ville de Tunis et sa demande principale sera la divulgation de la vérité concernant les assassinats politiques.

Comme ça, et à travers quelques pas réalisés et d’autres programmés, il paraît que ces jeunes ont déclaré leur propre feuille de route.

Au fait, ces jeunes soulevant le slogan «Manesh Msalmin» (On ne va pas lâcher) s’identifient comme des «Groupes locaux et sectoriels des jeunes actifs et dynamiques», et insistent que l’initiative est totalement libérée et ouverte pour tous ceux qui se sentent convaincus et prêts à l’adopter et à l’appliquer là où ils habitent.

Sur cette base, il est clair qu’un groupe important de jeunes engagés, suivant le rythme et les traces de la génération «Menish Msamah» auparavant, n’a pas changé, et est resté capable de proposer et d’aller hors du cadre des classifications selon les loyautés.

En contre partie et au niveau officiel, il n’est pas clair si un changement est possible puisqu’aucune interaction ou prise en compte directe de ce qui a été proposé n’a été observée.

Chaabani Rym

Article précédentقضية سليمان بوحفص: تونس تخرق مجددا التزاماتها الدولية بحماية اللاجئين
Article suivantتونس لم تطهر بعد من قمع البوليس – انتصار قصارة