Tunis, le 23 octobre 2025
La défense de Me Abir Moussi, l’avocate et opposante politique détenue depuis le 3 octobre 2023, a tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse tenue mercredi 22 octobre 2025. À la veille de sa comparution devant une chambre criminelle, son équipe juridique a dénoncé avec vigueur des irrégularités judiciaires graves qui entachent la procédure et alerté sur l’extrême gravité des accusations.
Une mise en cause pour « bureau de contrôle » et le spectre de la peine capitale
Le point central, bien que non explicitement détaillé dans le communiqué, est le dossier dit du « bureau de contrôle » pour lequel Me Moussi comparait le 24 octobre 2025. Ce type d’accusation, dans le contexte juridique tunisien, est souvent lié à des affaires de sécurité d’État. La défense souligne que cette qualification peut entraîner des peines très lourdes. Des sources proches du dossier confirment que Me Abir Moussi risque effectivement la peine de mort dans ce cadre, ce qui ajoute une urgence et une gravité exceptionnelles à la dénonciation des vices de procédure.
La défense a rappelé plusieurs manquements majeurs :

Une détention et une procédure illégales
- Détention illégale : Me Moussi est détenue sans mandat légal valide depuis le 26 mai 2025, ses récépissés de dépôt étant expirés. Cette situation est qualifiée de « crime complet » par ses avocats.
- Illégitimité de la cour : La chambre criminelle qui doit la juger est composée de magistrats promus ou nommés en vertu de décrets et de mémorandums que la défense estime contraires à la Constitution et à l’indépendance de la justice. Par conséquent, elle estime que le procès est « entaché d’une nullité absolue ».
- Mépris du droit international : L’État tunisien refuse de mettre en œuvre la décision du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, qui a exigé sa libération immédiate.
La situation de l’opposante préoccupe au plus haut point la communauté internationale. Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont publiquement demandé sa libération. Elles rejoignent ainsi la position du groupe de travail de l’ONU et considèrent sa détention comme arbitraire et politiquement motivée. Cette pression internationale accentue l’isolement des autorités tunisiennes sur la scène des droits humains.

Une préoccupation internationale croissante
Mobilisation et actions entreprises
Face à cette situation, la défense a annoncé plusieurs actions :
- Saisine du Parlement pour une session de contrôle afin de mettre en lumière les « violations graves » portant atteinte à l’indépendance de la justice.
- Poursuite des recours en justice contre les nominations et promotions jugées illégales des juges.
- Demande de transparence : la défense exige que le procès soit public, que l’accès soit garanti à la presse et aux observateurs, et que les débats soient retransmis en direct à la télévision nationale.
Condition physique alarmante et appel à la mobilisation
La défense a également alerté sur l’état de santé dégradé de Me Moussi, demandant aux autorités pénitentiaires de prendre toutes les dispositions pour la transporter dans des conditions qui ne nuisent pas à sa santé.
En conclusion, la défense de Me Abir Moussi présente son cas comme une « injustice humaine, juridique et politique sans précédent » et appelle tous les défenseurs des droits à se mobiliser pour la défense des libertés, de l’indépendance de la justice et de l’État de droit en Tunisie, d’autant plus que l’issue du procès pourrait être une condamnation à la peine capitale. Le soutien d’organisations comme Amnesty International renforce leurs arguments sur le caractère inique de cette affaire.
Slim Kacem

