Le 23 Janvier 1846, Abolition de l’esclavage en Tunisie

  • Slim Kacem –

La Tunisie fête aujourd’hui, le 176ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, devenant ainsi le premier pays du monde arabo-musulman à défendre la cause abolitionniste.

L’aspiration naturelle de l’homme à la liberté et le respect du principe des droits humains, constitue la base, du decrêt Beylical du 23 Janvier 1846 du Monarche de Tunis, Ahmed Bey, prescrivant l’affanchissement des esclaves.

El Berka, le maché des esclaves

La Tunisie était à l’époque, une plaque tournante de la traite des esclaves, expédiant des esclaves et forçant des milliers d’esclaves à travailler dans le service domestique et l’agriculture.

De père royal mais descendant d’une esclave d’origine sarde, prise avec sa mère et sa sœur, et 900 autres prisonniers, lors de l’attaque des corsaires de Tunis, en 1798, Ahmed Bey, dixième de la dynastie Husainide devient monarque de Tunisie en 1837. Il s’avéra être un grand visionanaire et développa de grands projets pour la Tunisie, avec l’intention d’étendre l’armée et la marine et de moderniser le système éducatif du pays, entrant ainsi dans la cour des grands seigneurs, en interdisant la vente d’esclaves en 1841 et en fermant les marchés où ils.elles étaient exposé.e.s . En 1842, il édicte un décret stipulant que tout natif du pays est un individu libre. En libérant les esclaves, Ahmed Bey s’affranchit de la Sublime Porte, consolide sa position, acquiert de la visibilité et en 1846, et est reçu en France en grande pompe par le roi Louis-Philippe, ce qui déplaît fortement aux autorités de tutelle Turque.

Ahmed Bey s’appuya sur une « Fatwa » avant gardiste, des cheikh Bayrem et Ibrahim Riahi, respectivement chargés des cultes Hanéfites et Malékites, hautes figures de l’université de la Zitouna, qui lui ont confirmés l’aspiration naturelle de l’homme à la liberté et le respect du principe des droits humains , telles que transmises par le Coran.

Le decrêt Beylical de 1846

Le texte intégral émi par Ahmed Bey :

Nous avons acquis l’entière certitude que la plupart des habitants de laRégence abusent des droits de propriété qu’ils ont sur les nègres et qu’ils maltraitent ces créatures inoffensives. Vous n’ignorez pas cependant que nos savantsjurisconsultes ne sont pas d’accord sur la question de savoir si l’esclavage, dans lequel les races nègres sont tombées, s’appuie sur un texte formel; que la lumière de la religion a pénétré dans leur pays depuis longtemps ; que nous sommes trèséloignés de l’époque où les maîtres se conformaient, dans la jouissance de leurs droits, aux prescriptions édictées par le plus Eminent des Envoyés avant sa mort ;
que notre loi sacrée affranchit, de droit, l’esclave maltraité par son maître ; et que lalégislation a une tendance marquée vers l’extension de la liberté.
En conséquence, nous avons décidé, dans l’intérêt actuel des esclaves etl’intérêt futur des maîtres, comme aussi dans le but d’empêcher les premiers de demander protection à des autorités étrangères, que des notaires seront institués àSidi Mehrez, à Sidi Mansour et à la Zaouia Bokria pour délivrer à tout esclave qui le demandera, des lettres d’affranchissement qui nous seront présentées pour êtrerevêtues de notre sceau.
De leur côté, les magistrats du Charaâ nous devront nous réenvoyer toutes lesaffaires d’esclaves dont ils seront saisis, et tous les esclaves qui s’adresseront à eux pour demander leur liberté. Ils ne permettront pas à leurs maîtres de les ramener à
leur tribunal devant être un lieu de refuge inviolable pour des personnes qui fuient un esclavage dont la légalité est douteuse et contestent à leurs détenteurs des droits qu’il est impossible d’admettre dans notre royaume ; car, si l’esclavage est licité les
conséquences qu’il entraîne sont contraires à la religion, et il importe de les éviter, d’autant plus qu’il s’attache à cette mesure un intérêt politique considérable.
Dieu nous guide vers la voie la meilleure et récompense les croyants qui
agissent dans le sens du bien.
Fait le 25 Muharram 1262

C’est dans les grande villes que le décret d’Ahmed Bey fût largement suivi , les tribus et les régions du Sud, où les esclaves, venus de Ghadamès, du Fezzan ou du royaume du Bornou, constituent une main-d’œuvre importante , ont rejeté ce decrêt, mais finalement 167 000 esclaves issus de la traite transsaharienne et des rapts en Méditerranée intègrent ainsi la société tunisienne. Certains vont s’ngager dans les rangs de l’armée, d’autres resteront chez leurs anciens maîtres, mais beaucoup pratiqueront des petits métiers.

ROOTS TV, a collaboré avec l’ONG Minority Rights Group International, à la production d’un reportage, qui retrace le combat de M. Hemdene Dali et sa famille pour oter le préfixe « Atig » de leur nom, terme qui veux dire « Affranchi ».

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