2 avions du Qatar Airways viennent d’atterrir sur le sol tunisien à l’aéroport de Tozeur. À bord, la vraie machine de la destruction de la faune saharienne, après avoir réalisé une première traversée des airs saoudites suite à une fermeture de 3 ans, et après une escale de réconciliation et fin du différend entre les deux pays.Rappelons que depuis mars 1988, date de la réception de ZABA du premier chèque, jusqu’à aujourd’hui, 5 janvier 2021, notre terre, notre patrimoine naturel et notre faune désertique sont devenus la cible privilégiée des émirs du golfe persique, essentiellement des saoudiens et des Qataris.
Seule une courte trêve du braconnage a été enregistrée pendant la guerre du golfe (août 1990 / février 1991).Nous avons cru à tord que cette hémorragie prendra fin après le 14 janvier 2011. Mais au contraire, rappelons que pendant les flux migratoires vers les frontières tunisiennes après la révolution libyenne de février 2011, la société civile tunisienne, le croissant et la croix rouges étaient aux secours des migrants libyens, tunisiens et nos de frères africains.Nous avons encore une fois cru au pont humanitaire aérien Qatari pour ramener par l’aéroport de Djerba, du matériel de secours et des tentes pour héberger les migrants au camp de Choucha près de Ben Guerden…..Mais un train peut cacher un autre, les Qataris avaient profité de ramener aussi du matériel de camping, des voitures tout terrain, groupe électrogène et tout le luxe pour l’émir, utile à séjourner en plein Sahara, emmagasinés en premier temps dans un dépôt à Tataouine, puis, jusqu’à aujourd’hui à Tozeur.
• Saison du braconnage 2012 :92 jours d’installation du camp Qatari dans le Sahara de Tataouine, et des braconniers prennent les relèves sur les lieux gagnant l’accord en silence du gouvernement, qui leur assure l’escorte et la sécurité.
• Saison de braconnage 2013 :54 jours en continu plus au Sud cette fois, là où les frontières algéro-libyennes se rencontrent, j’ai réussi à me manifester en solitaire devant les 42 tentes bien gardées par nos porteurs de l’uniforme national, j’étais arrêté sous ordre de M. Moncef Marzougui, le locataire provisoire de Carthage. Un jour après, je suis revenu au camp avec un huissier notaire, qui m’a eu bêtement par son annotation sur le procès-verbal que le camp est occupé par les ressortissants du golfe et il n’a pas mentionné des Qataris, ce qui ne m’a pas permis de porter plainte contre les braconniers Qataris, car, comme m’ont indiqué mes avocats que c’est absurde de trainer en justice tous les ressortissants du golfe.
• Saisons de braconnage de 2014 à 2019 :Les Qataris ont choisi de reprendre la main sur leur ancien fief à la région du Djérid : Tozeur, Nafta, et le Nord du Chott Djérid jusqu’à Chott El-Gharsa, et font des descentes systématiques aux territoires de Médenine et de Tataouine durant 5 années.
• Saison de braconnage 2020 :Là, c’est une première mondiale : le rabattage du gibier, essentiellement des espèces protégées mondialement puisqu’elles sont sur le seuil de l’extermination définitive de la planète terre, un rabattage réalisé par l’hélicoptère rouge, en vu et su par notre gouvernement et de tous les tunisiens. Hélicoptère acheminé de l’Espagne au Maroc jusqu’à Tozeur piloté par un allemand.Aussi, un rabattage avec 2 voitures, commandées spécialement des États-Unis d’Amérique, transportées en Allemagne puis à Tozeur, armées par des caméras thermiques capables de détecter n’importe quelle minuscule espèce, même des petits oiseaux de 12 grammes, à plusieurs centaines de mètres. Les photos de la honte ont parcouru le monde dans un grand silence de tous les responsables.
• Saison de braconnage 2021 :Depuis des semaines que mon réseau me fait alerter par des informations avec de forts indices qui montrent que des Qataris vont arriver bientôt au Sud tunisien, bien sûr pour le braconnage.Je me suis rassuré qu’il y a un espoir que cette année les Qataris ne vont pas se hasarder et prendre le risque de faire des déplacements par précautions de la pandémie du Coronavirus.il y a une semaine, vers les 300 participants mixtes, sont arrivés par avion pour passer le réveillon au luxueux hôtel « Diar-Qatari » à Nafta, aux chambres couvertes de 42 jusqu’à 970 m2 couverts, où la location est à la chambre et non au lit, un réveillon animé par la chanteuse Hayfa Wahbi, sans respect des protocoles de l’éloignement ni permettre aux différentes délégations tunisiennes de faire un contrôle conformément aux décisions prises par l’Etat tunisien interdisant toutes les manifestations et fêtes du 31 décembre.Encore j’étais rassuré que le but du braconnage n’est pas à envisager.
Mais, le 5 janvier 2021, au coucher du soleil sur la région du Djérid, 2 majestueux avions atterrissent à l’aéroport de Tozeur-Nafta, à bord, des équipes bien préparées pour une parfaite destruction et ratissage de la faune tunisienne, puisque des éclaireurs, bien payés, voitures tout-terrain à disposition, avaient accompli le gardiennage de grandes étendues de terrains, en ne permettant à personne même de les traverser, sous instructions Qataries . Le ministère de l’agriculture et la direction générale des forêts DGF, ont bien refusé catégoriquement d’accorder des autorisations pour les Qataris suite à leur demande de ramener avec eux des faucons. À noter, la DGF avait procédé, en novembre dernier, à la saisie d’autres faucons affrétés par l’aéroport de Tunis-Carthage. Retour sur de proches événements : Depuis novembre et décembre 2020, des mouvements suspects étaient observés et opérés aux gouvernorats de Tozeur et Kebili effectués par des délégations Qataries, des visites chez Monsieur le gouverneur de Kebili, de longues discussions à huit clos, puis une visite chez Monsieur le délégué de Douz Nord, sans donner d’informations sur l’objet de ce marathon de rencontres.Puis cette délégation, escortée par nos porteurs d’uniforme, avait parcouru plusieurs terrains au Sahara, mais un jour, ils étaient trahis, quand une voiture, à la plaque d’immatriculation « RS », les avait rejoint à 16 km de la sortie de Douz sur la route vers Matmata, pour leur remettre des faucons ! ! ? ? Des jeunes de la société civile de Douz en quête de d’informations, ont demandés des explications chez leur délégué, qui avait préféré se rendre au siège du gouvernorat de Kebili pour préparer une réponse. À son retour, les jeunes ont appris que la délégation Qatarie prospectait des terrains, pour la réalisation de probables projets « environnementaux » comme ils préconisent. Et l’hypothèse que les qataris soient effectivement à la recherche de terrains pour la création d’un vaste centre d’élevage des outardes houbara et des gazelles s’est concrétisée, à l’instar des Émirats Arabes Unies qui ont 2 terrains au Maroc, le centre de Missour et le centre de Inezgane, avec beaucoup de milliers d’hectares, familiarité oblige, puisque l’une des tentes de l’actuel roi du Maroc et une des 4 femmes du feu Cheikh Zaïed Ben Soltane. L’information, de bouches à oreilles, avait bien circulé discrètement à Douz arrivant jusqu’à Béni Khédech. C’est devenu du sérieux pour gagner la part du marché. Délimiter le terrain est devenu une urgence.
Les 2 tribus les Hwaya de Béni Khedech et les Mrazig de Douz ont réagit pour gagner du terrain pour une probable spéculation ou transmission avec les Qataris. Et les tristes émeutes d’Aïn Skhouna العين الصخونةqui appartient administrativement au gouvernorat de Tataouine mais qui est la propriété des Marazig, comme Bir Amira بيع عميرة , le Kamour et une bonne partie d’Om-Echieh ام الشياه. Qui est pointé du doigt ? Depuis Zaba jusqu’à aujourd’hui, Monsieur Ali El-Hafsi, homme d’affaires et homme de pouvoir à Tozeur, plusieurs fois député avant et après le 14 janvier, introduit dans le tourisme, président du club du foot local, maire de Tozeur, grand organisateur des parties du braconnage pour les Qataris pendant de longues années, devenu ministre sans porte feuille dans le gouvernement Fakhfakh, le seul ministre reconduit au même poste dans le gouvernement Mechichi. C’est M El-Hafsi qui avait accompagné le Président Kaïs Saïed lors de sa visite au Qatar il y a 2 mois. Est-ce que Monsieur Ali El-Hafsi pourrait nous confirmer qu’il est innocent derrière l’arrivée de ces 2 avions dans le silence de la nuit, en plein couvre-feu dans toute la Tunisie, dans ces circonstances sanitaires ? Je souhaite écouter la réponse sincère de Monsieur le ministre El-Hafsi. J’appelle tous les tunisiens à dénoncer le braconnage et les braconniers. Je demande au gouvernement et à tous les ministres concernés de nous répondre si les textes de loi et les conventions internationales, ratifiées par l’État Tunisien et par l’État Qatari, claires en matière de protection et de conservation, sont elles à respecter ou à piétiner ? Et s’il tolèrent que notre patrimoine naturel soit agressé de la sorte. J’invite tous les vrais patriotes, hommes et femmes à se mobiliser avec rigueur pour mettre fin à cette honte qui dure depuis 33 années. Vive la TUNISIE solidaire et unie.
Abdelmajid Dabbar – Militant écologiste, Président fondateur de l’Association Tunisie Ecologie