Décès de « Jimmy » le doyen des personnes vivants avec le VIH/SIDA, en Tunisie

  • Slim Kacem –

Un bien triste lundi 9 Janvier 2023, qui a vu la disparition de « Jimmy », de son vrai nom Fadhel Ben Mehrez, considéré comme l’un des plus anciens porteurs du virus VIH/SIDA, en Tunisie.

Jimmy a vécu une grande partie de sa vie en France, lieu de son infection du Virus HIV/SIDA, qu’il a contracté en 1983.

Avec la Star de Basket Ball « Magic Johnson » Jimmy est considéré comme étant l’une des rares personnes dans le monde, ayant survécus plus de quarante ans au virus.

Jimmy, toujours présent pour faire entendre la voix des PVVIH

Découvert en 1981 le Virus de l’Immuno-déficience Humaine (VIH), est identifié et isolé par Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, alors chercheurs en oncologie virale à l’Institut Pasteur de Paris. 1984 : Découverte de la transmission du VIH par voie sexuelle. 1985 : Premier test diagnostic du VIH.

Le VIH est un rétrovirus responsable de la destruction des cellules immunitaires. A long terme, l’infection aboutit à l’apparition du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) : très affaibli, le système immunitaire n’est plus capable de protéger le patient de nouvelles infections, dites opportunistes. En 2018, près de 38 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH, et 1,7 millions de personnes s’étaient nouvellement contaminées. On estimait le nombre de décès à 770 000.  En France, en moyenne 6000 individus sont découverts séropositifs chaque année.

En Tunisie, d’après ONUSIDA, dans son rapport de l’année 2021, ils.elles sont 5400 Personnes vivant avec le VIH/SIDA, 80% savent qu’elles sont séropositives, 29% prennent des soins, 22% de taux de charge virale indétéctable. D’après les données du Programme National de Lutte contre le SIDA (PNLS), il existe 270 nouveaux cas dont 5 enfants, 1532 Personnes Vivants avec le VIH (PVVIH) bénéficient gratuitement de la Trithérapie ( association de 3 molécules contre le VIH afin de renforcer la puissance du traitement), répartis entre 899 personnes de sexe masculin et 107 personnes de sexe féminin et 2 enfants.

Depuis son retour en Tunisie, au début des années 1990, Jimmy s’est engagé dans la société civile en faveur des PVVIH, leur prodigant un soutien indéfectible, sur le plan psychologique, logistique et financier. Il en était devenu l’un de leur porte parole, a milité dans différentes associations et a assuré une présence médiatique afin d’attirer les autorités pour améliorer leur situation.

Jimmy et Cowboy, deux amis inséparables, militants des droits humains

Au côté de son ami, le militant des droits humains Slim Ben Hadj Amor, connu sous le nom de Slim « Cowboy », et porteur du virus depuis 1995, ils ont silloné les quartiers défavorisés de Tunisie, afin de limiter la propagation du Virus, en organsiant des distributions de préservatifs, des seringues, prodiguant conseils et réconfort, accompagnant les plus démunis d’entre eux dans les hôpitaux, et organisant des collectes afin de les aider financièrement.

Le duo a maintes fois plaidé pour une meilleure intégration des PVVIH, réclamant une digne prise en charge dans les hôpitaux, et ont oeuvrés pour la levée de la stigmatisation systématique dont souffre cette minorité fragilisée, surtout lors de la période COVID19, qui a vu une détérioration considérable des soins prodigués.

Jimmy était très éprouvé depuis la disparition de Slim « Cowboy » en Septembre dernier, ceci n’a toutefois pas stoppé son engagement en faveur des plus démunis.

La disparition de Jimmy a affligé sa famille, ainsi que tous ses amis, différentes associations de la société civile ont exprimé leur condoléances dans leur publications sur les réseaux sociaux, telles que l’Association Tunisienne de Prévention Positive dont la présidente Mme Souhaila Bensaid qui a milité à ses coté, s’est déclarée très attristée pour son départ vers un monde meilleur.

Repose en paix Jimmy, ton combat pour la dignité continuera. Promis, ton frère Slim Kacem « ROOTS »

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