- Sarah Ben Ali –
[ Bara’a, feuilleton de Sami Fehri]10 épisodes plus tard, voilà que ce feuilleton fait encore parler de lui…Le feuilleton a été d’abord contesté pour avoir remis sur la table une question tranchée depuis plus de 60 ans.
On conteste le traitement de cet axe- polygamie/ mariage religieux- en accusant le scénariste d’apporter une caution à l’illégalité lors des 2 premiers épisodes…
En omettant les éléments de résistance présents plus tard, incarnés par les brillantes actrice Rim Riahi, Najla Ben Abdallah et le jeune fils de « Ouanness »… Je rappelle ici que les sujets de ce feuilleton ont été introduits dans le débat public, non pas par Sami Fehri, qui a fait une œuvre de fiction… Mais par son acolyte Hedi Zaiem, à la radio, qui a interviewé le lendemain le juge Omar Oueslati et l’ex député Abdel fattah Mourou, comme si c’était un sujet de société et qu’une réforme de la loi était d’actualité.
Les autres radios ont pris le relais et puis les associations de droits humains ont commencé à produire des communiqués en tombant dans le piège de Hedi Zaiem… Je rappelle par ailleurs que cette polémique représente un grand conflit d’intérêt entre Sami Fehri et Hedi Zaiem.
Ce dernier est son ami, il est rémunéré par sa chaîne et y est producteur… Il a donc tout intérêt à faire venir, au quotidien, des acteurs et actrices pour alimenter la polémique au tour du même sujet.
On est au 10ème épisode de Romdhane show… Et voilà la liste des invité.e.s qui sont venu.e.s pour débattre du feuilleton problématique : Omar Oueslati, Abdel Fattah Mourou- Kaouther Bardi- Saoussen Maalej- Najla Ben Abdallah – Fathi Akkari – mohamed Sayari.
Suite à ses interviews, d’autres animateurs/interviewers de la même radio prennent la relève le lendemain pour parler du même sujet : Amine Gara et Iyad Dahamani- Ismail Ben Aissa- Malek Ouni- Linda Rahali.
Sans compter les autres interviews sur d’autres radio comme Diwan Fm et IFM qui tiennent le même propos, le même angle journalistique et le même sujet.
C’est ce qu’on appelle l’effet boule de neige, tâche d’huile…Et c’est ce qui draine de l’audience, c’est ce qui fait que qu’un producteur s’enrichisse…. Qu’un directeur de rédaction soit satisfait…. Que les annonceurs jubilent, que les médias et TV s’enrichissent.
Pourquoi voulez vous que le couple Hiwar Tounsi -Mosaïque Fm changent de recette ?
On ne change pas une équipe qui gagne, ni une recette qui réussit parce que ça a fait polémique… C’est tout le contraire.
On ne change pas non plus un interviewer qui fait de l’audience parce qu’il a manqué à son devoir déontologique de ne pas interviewer son ami et employeur… Pas en Tunisie en tout cas.
Ces gens là ne changeront pas… Alors qu’est ce que vous pouvez changer dans votre méthode pour produire du changement à la télé et dans les médias ?
À titre indicatif, voilà les thématiques abordées dans ce feuilleton :
– l’attentat terroriste de Sousse (2015) modifié selon des besoins dramaturgiques
– la polygamie et le mariage religieux, tous deux interdits et illégaux depuis 1956 en Tunisie.
– l’abus de pouvoir d’un employeur contre un.e employé.e grâce aux pressions économiques
– les violences conjugales
– le viol et agression sexuelle des femmes souffrant de maladie mentale
– l’adultère- le quotidien d’un orphelin de père, abandonné à son sort par une mère en dépression chronique.
– le fils au chômage, devenu voleur.
– le fils brillant qui assiste à l’humiliation de sa mère trompée.
– la dépendance économique des femmes au foyer et la violence psychologique et économique qu’elles subissent en conséquence
– la « tartufferie » : le patriarche qui, sous ses allures d’hommes pieux, est loin d’être exemplaire (en tant que père, mari ou homme d’affaire avec ses commis)…
– le slutshaming des danseuses de cabaret
– le regard complaisant ou moraliste de la société tunisienne avec toutes ces situations.