- Par Sami Mhenni –
Comme beaucoup de mes acolytes, et à l’occasion de la COP de Glasgow, j’ai déploré l’absence de Najla Bouden, notre Cheffe Du Gouvernement qui, à mon humble avis avait raté une occasion de montrer au moins l’engagement politique de la Tunisie pour œuvrer à l’adaptation et à l’atténuation des impacts des changements climatiques sur la Tunisie et sur la région méditerranéenne. Notre délégation s’en est sentie orpheline et s’est un peu perdue dans les méandres des couloirs ténébreux des négociations.
Une occasion de perdue, dix de retrouvées.
Le « One Ocean Summit » a eu lieu du 9 au 11 février à Brest, rassemblant 41 États, des représentants de la société civile et des entreprises, sous l’égide de la présidence française au Conseil de l’Union Européenne. Un sommet « intermédiaire » juste avant la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, qui se tiendra à Lisbonne en juin.
Arrête de ni…er ta mer
Le sommet a été l’occasion de rappeler l’importance de l’océan pour la Vie sur notre planète en général. Le poids social est lourd avec les plus de trois milliards de personnes dépendant de la biodiversité marine et côtière pour leur subsistance. De l’urgence de changer de cap, à l’heure de la diminution des espèces marines et de la disparition des récifs coralliens et des prairies de posidonies, de la transformation des écosystèmes côtiers (devenus des décharges d’eaux usées et de polluants de tout genre) ce qui a provoqué la création de vastes zones mortes ou encore des déchets plastiques qui étouffent les mers.
Najla ? Présente.
Cette fois notre Cheffe DG était bien présente. Entre autre pour parler de la mer. Invitée du président Macron, elle a même fait une allocution.
Résumé : Après un bref rappel historique et de l’importance du patrimoine marin et des ressources halieutiques pour la Tunisie, elle a rappelé que la Tunisie a doublé d’ambition inconditionnelle de réduction de l’intensité carbone à l’horizon 2030. Elle a par la suite expliqué que pour honorer nos engagements pour la préservation de la biodiversité, l’arrêt de la surexploitation des ressources marines et la lutte contre les pollutions et l’atténuation du changement climatique, il faudrait des solutions innovantes à développer en « co-construction » (un terme si cher au président Macron). Elle a insisté sur les investissements énormes que ces solutions exigent et a souligné que des pays comme la Tunisie n’en ont pas la capacité. Elle a appelé, alors, à une responsabilité partagée, au soutien des structures onusiennes et des organismes financiers internationaux et nationaux des pays développés.
Le séisme : 4.8% du PIB
Lors de son allocution notre CDG a annoncé que la Tunisie perd chaque année environ 4.8% du son PIB à cause de la perte de la biodiversité, de l’érosion côtière et de la pollution. C’est en fait environ deux milliard de dollars. Faites vos calculs. Un chiffre qui donne des frissons et qui est passé sous silence par les analystes, experts et autres économistes. Pour parodier la citation « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance », je dirais « Si vous trouvez que la protection de l’environnement coûte chère, essayez donc la pollution ». Est-il temps de changer de Cap ?
I have a dream
Je voyais notre Cheffe DG saisir cette belle occasion pour montrer au monde notre engagement et annoncer :
– Notre nouvelle loi réglementant la pêche en Tunisie.
– La lutte contre la pêche illégale en modernisant la flottille des agents de contrôle.
– Annoncer l’extension de l’aire marine protégée des iles kuriats à toute la baie de Monastir et participer ainsi à l’effort mondial 30/30.
– La modernisation et la mise à niveau du réseau des stations d’épuration et de traitement des eaux usées.
– Interdiction du plastique à usage unique à l’horizon 2025.
– Création d’un centre dédié au biomimétisme marin.
Bon, j’arrête. Je prends mes rêves pour réalité.