Les partisans de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro ont pris d’assaut le Congrès de la capitale Brasilia. Ils ont brisé les vitres de la façade et ont pénétré dans le hall d’entrée.
Des milliers de partisans de l’ex-président brésilien de droite Jair Bolsonaro ont fait irruption dans le Congrès national. Ils ont causé d’importants dégâts matériels, comme l’ont montré des photos diffusées sur des réseaux en ligne. Un photographe de l’AFP a vu la police faire usage de gaz lacrymogènes pour repousser des centaines de manifestants. Selon d’autres rapports, la police a également fait usage de spray au poivre. De nombreux envahisseurs portaient des vêtements jaunes et brandissaient le drapeau brésilien.
Les partisans de Bolsonaro ont d’abord franchi des barrières, puis se sont avancés dans l’enceinte du Parlement avant d’atteindre le toit du bâtiment, comme l’ont montré des images télévisées. Le périmètre du Congrès avait été bouclé par les autorités. Le bâtiment du Congrès abrite le Sénat et la Chambre des représentants.
Après l’attaque du Congrès, les partisans de Bolsonaro se sont également rendus à la Cour suprême. Ils y ont brisé des vitres et ont pénétré dans le hall, a rapporté le portail d’information G1. Des vidéos diffusées par les médias locaux ont montré les intrus en train de détruire des meubles. Durant le mandat de Bolsonaro, les juges avaient régulièrement remis le chef d’Etat de droite à sa place et sont donc méprisés par ses partisans.
Le président Lula parle de « barbarie ».
Le siège du gouvernement, le Palácio do Planalto, lieu de travail du chef de l’État, a également été la cible des assaillants. Des hommes portant des drapeaux brésiliens ont parcouru les couloirs et les bureaux, comme on a pu le voir sur la chaîne de télévision TV Globo. Le président Luiz Inácio Lula da Silva se trouvait en voyage officiel dans l’État de São Paulo au moment de l’attaque. Il s’était rendu dans la ville d’Araraquara pour s’informer des conséquences des graves intempéries dans la région. Ce n’est que tard dans la soirée de dimanche que l’homme de 77 ans a pu se rendre compte par lui-même de la destruction à Brasilia.
Dans une première déclaration, Lula a qualifié les attaques de « barbarie » – perpétrées par des « vandales fascistes ». Tous ceux qui y ont participé devront en répondre. Il a en outre promis de retrouver les commanditaires qui ont organisé et financé l’assaut contre les institutions de la démocratie. Ils seront punis avec toute la rigueur de la loi.
Le chef de la sécurité de Brasilia destitué
Mais la réaction des organes de sécurité devra également faire l’objet d’une enquête. Le chef de la sécurité du district de Brasilia, Anderson Torres, a déjà dû quitter son poste. « J’ai décidé de révoquer le ministre de la sécurité du district fédéral et, en même temps, j’ai envoyé toutes les forces de sécurité dans les rues pour arrêter et punir les responsables », a écrit le gouverneur du district fédéral, Ibaneis Rocha, sur Twitter. Le président Lula a également ordonné par décret que le gouvernement fédéral assume pour l’instant la responsabilité de la sécurité publique à Brasilia. Dimanche encore, quelque 200 suspects ont été arrêtés.
Les protestations des partisans de Bolsonaro sont dirigées contre la victoire électorale du président de gauche Lula, au pouvoir depuis le début de l’année. Les partisans de Bolsonaro ne veulent pas accepter la victoire de Lula aux élections présidentielles au Brésil. Bolsonaro lui-même n’a pas encore reconnu explicitement sa défaite. Les partisans radicaux de l’ex-militaire n’avaient cessé de protester contre la victoire de Lula dès le lendemain des élections et avaient appelé les forces armées du pays à un coup d’État militaire.
Ce n’est que plusieurs heures après les attaques de ses partisans que le président déchu s’est lui-même exprimé. « Les manifestations pacifiques font partie de la démocratie. Mais les pillages et les attaques de bâtiments publics, comme ceux qui ont eu lieu aujourd’hui, n’en font pas partie », a écrit Bolsonaro sur Twitter. « Tout au long de mon mandat, j’ai toujours respecté et défendu la Constitution, les lois, la démocratie, la transparence et notre sacro-sainte liberté ».
Parallèles avec l’assaut du Capitole américain
Les images de l’action à Brasilia rappellent le souvenir de la prise du Capitole américain à Washington par des partisans de l’ancien président Donald Trump le 6 janvier 2021.
En conséquence, le gouvernement américain a réagi rapidement à l’attaque. « Les États-Unis condamnent toute tentative de saper la démocratie au Brésil », a écrit Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, sur Twitter. Le président Biden observe la situation de près. La démocratie au Brésil ne sera pas ébranlée par la violence.
Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, a également condamné avec la plus grande fermeté l’attaque contre les « institutions démocratiques du Brésil ». Il a exprimé son « soutien total » au chef d’État Lula sur Twitter.
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a parlé d’une attaque lâche et violente contre la démocratie.